De l’open data pour les étudiants : comment rendre Saint-Etienne encore plus accueillante.

Cher.ère.s élu.e.s stéphanois et stéphanoises,  

Par ces temps troublés où le numérique est omniprésent, nous vous présentons ce plaidoyer de défense pour l’Open Data de la métropole de Saint-Etienne. 

Depuis le 16 octobre 2017, la Loi pour une République Numérique impose aux collectivités territoriales d’ouvrir leurs données publiques et d’intérêt général ainsi que les résultats des travaux de recherche publique et à autoriser la fouille de textes et de ces mêmes données. 

Cette loi se dote également de 3 objectifs : 

  • Améliorer le fonctionnement démocratique, non seulement par la transparence mais par la concertation et l’ouverture à de nouveaux points de vue ; 
  • Améliorer l’efficacité de l’action publique ; 
  • Proposer de nouvelles ressources pour l’innovation économique et sociale : les données partagées trouvent des réutilisateurs qui les intègrent dans de nouveaux services à forte valeur ajoutée économique ou sociale. 

Et c’est justement d’innovation économique et sociale à destination des étudiants et étudiantes qu’il est question ici. De meilleures politiques publiques pour les 18-25 ans qui arrivent dans notre belle métropole, et d’une démocratie les prenant mieux en compte. 

La ville de Saint-Etienne après une longue période de déprise économique et démographique, connaît un renouveau depuis quelques années. La métropole stéphanoise a su se réadapter pour être plus attractive, notamment en ce tournant vers les étudiant.e.s. Comme on peut le voir dans de nombreuses campagnes de promotion pour la ville, Saint-Etienne est devenue une ville étudiante, axée sur sa proximité avec la nature et sa taille “humaine”. Ces arguments montrent d’une façon que la politique de la ville est centrée sur le renouvellement de la mauvaise image qu’elle connaît depuis sa période industrielle. En effet, avant d’être capitale du design UNESCO, Saint-Etienne était une ville industrielle structurée autour de l’activité minière, de la rubanerie et de la manufacture d’armes. Si ces activités ont fait la gloire et la prospérité de la ville de la seconde moitié du XIXe siècle jusque dans les années 1970, elles ont aussi provoqué sa décroissance suite à leur disparition et à la mauvaise image qu’elles ont laissé de la ville. Jusqu’à récemment, Saint-Etienne était alors vu comme une “ville noire”, industrielle, où les conditions de vie ne sont pas agréables. Cette image va alors nuire au renouveau de la ville, et celle-ci va avoir du mal à attirer de nouvelles populations et des étudiant.e.s, qui, par méconnaissance, ont tendance à ne pas vouloir venir s’y installer. Si la réputation de la ville s’est améliorée ces dernières années grâce aux campagnes de promotions, la municipalité doit continuer dans cette voie et s’adapter à la demande étudiante afin d’être la plus praticable possible. La ville s’étant, comme nous l’avons vu, revitalisée grâce aux étudiant.e.s, il est donc pertinent de continuer dans cette voie et de rendre Saint-Etienne attractive pour les étudiant.e.s extérieurs à la ville. En effet, si la ville jouit aujourd’hui d’une meilleure image, elle est loin d’être complètement adapté aux jeunes venant faire leur étude à Saint-Etienne, elle est même plutôt hostile et difficilement compréhensible dans son fonctionnement pour les nouveaux arrivants. 

Ce qui frappe en premier quand on veut s’y installer pour ses études, est la difficulté pour trouver un logement à proximité de son lieu d’étude. Quand on ne connaît pas la ville et ses quartiers, on a du mal à se rendre compte, lors du choix du logement, si celui-ci est loin ou non de son lieu d’étude, du fait de la diversité de la ville et de la dispersion des campus. Est-il vraiment pertinent et intégrateur de devoir louer à La Terrasse quand on étudie sur le campus de La Métare ? 

De plus, vivre dans un logement décent est un droit humain, essentiel à la bonne conduite des études, sauf que c’est aussi le poste de dépense le plus important. Dans certaines grandes villes, il est devenu presque impossible de se loger pour les étudiant.e.s les moins privilégiés. Ce n’est pas le cas à Saint-Etienne et la ville gagnerait à ce que les informations sur les logements étudiant.e.s soient mieux diffusées, à en faire un atout d’attractivité territoriale. 

De la même manière, le réseau de transports de la ville de Saint-Etienne, bien que permettant d’aller un peu partout quand on le connaît bien, est difficile à intégrer et ne possède pas d’application ou de service facilitant sa pratique. Qui ne s’est jamais trompé de tramways en arrivant à Chateaucreux en prenant un T3 pour aller au centre-ville ? On peut citer d’autres problématiques pour les étudiant.e.s, comme la difficulté de relation entre les différents campus ou la méconnaissance des nombreuses offres à destination des étudiant.e.s. Le constat est là, la ville de Saint-Etienne manque de services numériques afin d’aider les étudiant.e.s, notamment ceux étrangers à la ville – dont la venue est souhaitée dans le cadre de la politique redynamisation urbaine – dans leur pratique de la ville.  

La solution résiderai alors dans une ouverture de la ville à l’open data qui permettrai une multiplication des possibilités quant à l’offre de services numérique pouvant assister les étudiant.e.s dans la découverte et la pratique de la ville. L’open data permet une facilitation de l’accès aux données que produit la ville, notamment pour l’immobilier et le transport, et la mise en place de services numériques, fiables, de qualité, à jour et adaptés aux étudiant.e.s. Cette ouverture à l’open data, et la production d’applications ou de sites qui en découleraient, rendrait la ville plus accessible aux populations arrivantes et forgerait une image positive, véhiculée par le bouche-à-oreille, qui convaincrait les étudiant.e.s, aujourd’hui hésitants du fait d’une certaine méconnaissance, de venir faire leurs études à Saint-Etienne. Nous vous proposons donc d’axer votre stratégie autour des transports et du logement.

Aujourd’hui, nous avons le « Noctambus » : deux lignes de bus desservant les principaux lieux de sortie de la Ville entre minuit et cinq heures du matin inclus, du jeudi au samedi soir. Cependant, ce service très pratique pour les activités nocturnes de la population stéphanoise est largement méconnu des utilisateurs faute de la mauvaise visibilité de l’information. Il serait pertinent de les mettre plus en avant pour que des applications comme Moovizy puisse les reprendre et ainsi mieux informer sur les services de transport public de nuit.

De plus, la plateforme ne rend pas compte de certaines données à venir que l’on retrouve dans des documents formels tels le Plan d’actions contre la précarité étudiante. Ce sont des documents qui restent difficilement trouvables et donc, à l’inverse, facilement exploitable, pour atteindre les objectifs d’Open Data. La ville souhaite rendre gratuits les abonnements VéliVert dès juin 2021 à l’égard des étudiant.e.s mais cette information, n’apparaît pas dans une application largement utilisée à Saint-Etienne.

Enfin, il existe une multitude de sites internet relatant diverses informations concernant le transport à Saint-Etienne : celui de la STAS, de VéliVert, de Citiz, de la SNCF, de Flixbus, de OUIBUS, et cætera. Certaines informations relatives à ces transports et mises en place à destination de la population stéphanoise sont là aussi difficiles d’accès car peu de visibilité. Le regroupement de toutes ces informations sur une seule et unique plateforme utilisée et connue du grand public faciliterait le déplacement des usagers, et donc des étudiant.e.s. Et cette plateforme pourrait être développée par les usagers même grâce à des jeux de données rendu disponible par la métropole : de l’open data.

Un autre domaine crucial pour attirer des étudiant.e.s est l’accessibilité à un logement. C’est un des postes de dépense les plus important, et un facteur essentiel au bien-être

Notons par exemple Recettes.echelon7, qui est un compte Instagram de recettes pas chères, équilibrées et faciles à faire dans un logement Crous (généralement équipés d’un micro-onde et d’une plaque de cuisson). Le nom échelon.7 vient du plus haut échelon de classification des montants des bourses Crous. Ce compte a rencontré un énorme succès, avec des recettes gourmandes, diversifiées et facilement reproductibles. Imane Bounouh, la créatrice du compte a également lancé plusieurs projets à destination des étudiant.e.s dont une grande collecte de témoignages sur la qualité de vie dans les résidences étudiantes (publiques et privées). Ce document, accessible par un lien drive via son compte Instagram (aujourd’hui archivé), offre un constat glaçant de l’insalubrité, de cafards, punaises de lit, de mauvaise isolation, de mauvaise gestion qui règnent dans ces résidences. C’est une mine d’or, réalisée par crowdsourcing et en libre accès, pour les néo-étudiants ou ceux qui changent de ville au cours de leurs études.  

C’est de ce genre d’initiative dont pourrait s’inspirer la ville de Saint-Etienne afin d’accueillir tous les étudiants et étudiantes dans les meilleures conditions possibles. Ce genre de données crowdsourcées pourraient apparaître grâce à une prise en main par les pouvoirs publics du recueil d’informations et de portabilité des données ensuite ouvert en Open Data à tous et toutes. 

Orienter la stratégie d’Open Data autour de la mobilité et du logement n’est évidemment que le début. Pour les étudiant.e.s, on peut penser aux commerces de bouche et aux bars (quand ils réouvriront) qui font des réductions, aux producteurs locaux et aux AMAP qui font des paniers « étudiant.e.s », aux services publics (animations et circuits culturels, etc.). Alors que les villes mettent en place leurs stratégies Open Data, n’oubliez pas les étudiant.e.s, comme consommateurs mais aussi comme innovateurs !

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